Le prochain cercle de silence se tiendra ce vendredi 15 décembre à 18h30, place du Palais Royal, devant le Conseil d'État. Votre présence est précieuse, même si vous ne pouvez pas rester toute l'heure !
Si le vote d'une motion de rejet à l'ouverture des débats à l'Assemblée Nationale sur la loi "Asile et l'immigration" est présenté comme une déconvenue pour Darmanin, la décision quasi immédiate du gouvernement de convoquer une commission mixte paritaire risque de conduire les députés à voter un texte particulièrement dur. En effet, les Républicains détiendront autant de sièges que Renaissance (soit 4 sur 14) et ont déclaré vouloir s'appuyer sur la version du texte votée au Sénat. Pour rappel, ce texte contient :
- Des mesures particulièrement choquantes sur lesquelles étaient revenus les députés de la commission des lois : suppression de l'AME, délit de séjour irrégulier, interdiction de l'accès à l'hébergement d'urgence pour les personnes en situation irrégulière,
- Une régression importante des droits des personnes migrantes avec notamment le durcissement des conditions de ressources pour le regroupement familial, la restriction du droit au séjour pour soins, la facilitation des expulsions ou la possibilité pour la police de contraindre une personne en situation irrégulière à donner ses empreintes digitales.
- Une réforme majeure de la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) au risque de restreindre le droit d'asile. La décision finale d'accorder l'asile serait ainsi prise dans la plupart des cas par un juge unique et non plus trois comme actuellement. Cette mesure est décriée par les agents de l'Ofra et de la CNDA qui étaient en grève le 29 novembre dernier pour protester contre la politique du chiffre (chaque agent devant traiter plus de 300 dossiers chaque année) et contre la réforme.
- Le conditionnement d'une partie de l'aide au développement à la délivrance des laissez-passer consulaires nécessaires aux expulsions afin de contraindre les pays d'origine à reprendre les étrangers expulsés.
Le président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) avait d'ailleurs appelé les députés à ne pas voter le texte.
La mobilisation contre ce projet de loi doit s'intensifier ! Car il est crucial de démanteler l'argument du gouvernement, selon lequel cette loi serait le reflet de la volonté des Français. Nous vous invitons donc également à rejoindre la manifestation du 18 décembre à l'occasion de la « Journée internationale des migrants » organisée par le collectif Uni.e.s contre l'immigration jetable. Le départ est prévu à 17h à Opéra. Ce jour sera en outre l’anniversaire de la Convention internationale pour la protection des travailleurs migrants (adoptée par l’ONU en 1990) que la France, comme aucun pays occidental, n’a ratifiée à ce jour.
Chaque mois, nous cherchons modestement à faire prendre conscience aux personnes qui croisent notre silence que, derrière les étrangers, les immigrés, les réfugiés, les sans-papiers, il y a d'abord des hommes et des femmes, souvent des enfants, qui ne sont pas venus en Europe pour quémander les aides sociales, mais pour chercher un endroit dans lequel ils puissent simplement vivre. Car nous savons qu'il n'y a pas de mots pour dire les rêves brisés des mineurs isolés qui ne sont plus pris en charge dans certains départements, faute de moyens suffisants, qui dorment dehors et sont exclus du système scolaire. Pas de mots pour décrire les milliers de vies englouties en Méditerranée, dans l'Atlantique ou perdues dans le Sahara.
Si comme nous, vous ne supportez plus cette politique migratoire inhumaine faite en notre nom, venez nous rejoindre vendredi pour manifester, par notre silence, notre indignation et notre solidarité envers les personnes migrantes.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la situation des migrants en France et dans le monde, nous vous invitons à lire les lettres de Michel Girard disponibles ici.