L’association Utopia 56 organise un rassemblement le jeudi 22 juin à 19h place de la République à Paris suite au naufrage survenu au large de la Grèce la semaine dernière. Nous vous invitons à y venir nombreux car oui, les frontières tuent chaque année des milliers de personnes.
- Pour la mémoire des personnes décédées et celles encore disparues,
- Pour manifester notre soutien aux personnes rescapées et aux familles et proches des victimes,
- Pour exiger une enquête transparente pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame et les responsabilités liées ;
- Pour dénoncer les politiques migratoires meurtrières ;
- Pour exiger que les Etats assument pleinement leur obligations en matière de secours et de sauvetage ;
- Pour exiger la fin des entraves à l’action des ONG de secours et de sauvetage en mer ;
Dans la nuit du 13 au 14 juin, un bateau transportant autour de 750 personnes a fait naufrage au large de la Grèce. Seules 104 d'entre elles ont survécu, plus de 600 personnes sont donc mortes noyées, dont, selon les témoignages des survivants, une centaine d'enfants enfermés avec les femmes dans les cales du bateau.
Ce drame est survenu alors que les autorités maritimes européennes (en particulier Frontex) avaient repéré le bateau plus de douze heures avant le naufrage. Alors que les garde-côtes grecs ont prétendu que les passagers avaient refusé leur proposition d'aide et que le bateau naviguait à bonne vitesse vers l'Italie, les informations données par les survivants, les ONGs et l'analyse des données de navigation dans la zone montre le contraire. Ainsi, l'ONG Alarm Phone qui fournit aux migrants un numéro d'appel d'urgence explique avoir été contactée à plusieurs reprises par les passagers qui suppliaient d'être secourus. Par ailleurs, le Guardian a montré, grâce aux données de navigation des navires s'étant approchés du bateau en détresse que celui-ci était resté à la dérive pendant des heures. Il semble donc que les autorités maritimes grecques, maltaises, italiennes et européennes aient délibérément laissé le bateau et ses centaines de passagers à leur sort alors que la catastrophe, au vu des appels désespérés et de l'état de l'embarcation était clairement prévisible.
Il n'est en outre pas exclu que les garde-côtes grecs, en attachant une corde au bateau aient joué un rôle déclenchant dans la bascule de celui-ci. Les garde-côtes grecs sont maintenant bien connus pour leur pratique - illégale - de refoulement en mer des bateaux de migrants. Est-ce cette peur qui a conduit a un mouvement de foule et au renversement du bateau ? Quoi qu'il en soit, ces refoulements poussent les migrants à tenter d'éviter à tout prix les côtes grecques et à s'embarquer dans des périples beaucoup plus longs et dangereux, comme celui-ci qui visait à atteindre l'Italie depuis la Libye.
Encore une fois, la politique migratoire européenne a tué. Et n'oublions pas que ce n'est pas un cas isolé, qu'on ne peut pas dire "qu'on ne savait pas". Depuis le début de l'année, au moins 1166 personnes sont mortes en Méditerranée. Les tragédies qui se succèdent ne changent rien à l'inhumanité de nos politiques. Aujourd'hui encore, au moins 35 personnes se sont noyées au large des Canaries. Malgré cela, aucun système de sauvetage n'est mis en place et, pire encore, le travail des ONG présentes en mer, comme SOS Méditerranée est constamment entravé. Ainsi, l'Italie assigne maintenant des ports aux navires de sauvetage situés au nord du pays ce qui ajoute cinq jours de navigation aux rescapés et éloigne d'autant les secouristes de la zone de sauvetage.