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Le Conseil constitutionnel a validé jeudi l’essentiel de la loi asile et immigration, mettant un point final à l’un des textes législatifs les plus controversés du début du quinquennat d’Emmanuel Macron.

Les trois groupes de gauche à l’Assemblée (Nouvelle Gauche, La France Insoumise et Gauche démocrate et Républicaine) et les sénateurs socialistes avaient saisi en août le Conseil constitutionnel de ce texte dans la foulée de son adoption, jugeant qu’il méconnaissait le droit d’asile.

Les membres du Conseil constitutionnel ont cependant écarté l’essentiel de leurs griefs et validé les mesures-phares de la loi, au premier rang desquelles le raccourcissement du délai de présentation de la demande d’asile, la restriction du droit du sol à Mayotte, et le recours facilité à la vidéo-audience en matière de droit d’asile.

L’allongement de la durée maximale de rétention des étrangers de 45 à 90 jours, qui a concentré les critiques des acteurs de terrain, a lui aussi été validé par les Sages.

Ces derniers ont cependant émis « une réserve d'interprétation selon laquelle l'autorité judiciaire conserve la possibilité d'interrompre à tout moment la prolongation du maintien en rétention, de sa propre initiative ou à la demande de l'étranger, lorsque les circonstances de droit ou de fait le justifient ».

L’exigence introduite à Mayotte de résidence en France de l’un des parents depuis plus de trois mois au moment de la naissance, pour que s’applique le droit du sol, a été validée, au motif des « importants flux migratoires » à destination du département.

"Ces circonstances constituent, au sens de l'article 73 de la Constitution, des ‘caractéristiques et contraintes particulières’ de nature à permettre au législateur, afin de lutter contre l'immigration irrégulière à Mayotte, d'y adapter, dans une certaine mesure, non seulement les règles relatives à l'entrée et au séjour des étrangers, mais aussi celles régissant l'acquisition de la nationalité française », note le Conseil Constitutionnel.

LE DÉLIT DE SOLIDARITÉ VALIDÉ APRÈS AMENDEMENT

Concernant le « délit de solidarité », le Conseil a noté la prise en compte de sa décision du 6 juillet, avec l’élargissement des exemptions pénales aux personnes aidant à  « la circulation ou au séjour irréguliers » des migrants dans un but humanitaire.

Les sénateurs socialistes demandaient que soient également exemptées les personnes ayant aidé à l’entrée sur le territoire, là aussi dans un but strictement désintéressé, une requête rejetée par le Conseil.

« L’aide apportée à l'étranger pour son entrée irrégulière en France a nécessairement pour conséquence, à la différence de celle apportée pour sa circulation ou son séjour, de faire naître une situation illicite », a jugé ce dernier.

« Il en déduit qu'il est loisible au législateur de réprimer toute aide apportée à un étranger afin de faciliter ou de tenter de faciliter son entrée sur le territoire national".

"Pour des raisons de procédure » ont été en revanche censurés l’article 15 qui précisait que l’action des centres d’hébergement s’insérait dans des schémas régionaux d’accueil des demandeurs d’asile et d’intégration des réfugiés, et l’article 42 sur l’exercice en France des médecins titulaires d’un diplôme hors Union européenne.

Une disposition qui autorisait le gouvernement à légiférer par ordonnance pour créer un titre de séjour unique en lieu et place des cartes de séjour portant la mention « salarié » et « travailleur temporaire » a également été censurée, tout comme la partie du texte qui proposait de prendre en compte les migrations climatiques, par le biais de la présentation par le gouvernement d’orientations et d’un plan d’actions.

6 septembre 2018 Par Agence Reuters

Le nom lugubre des CRA a inspiré un beau poème à un ami du cercle de silence.

 

Le nom des CRA résonne lugubrement
Comme le cri des corbeaux sur nos plaines, en hiver,
Volant sur les campagnes livides et les champs
Glacés et déserts...

Notre drapeau flotte sinistrement
Devant des prisons pour non délinquants
Car il s'en faut d'un « d » pour que « rétention »
Tombe le masque et porte son vrai nom.

Au Mesnil Amelot, derrière les grillages,
Une aire de jeux pour enfants révèle pathétiquement
Que chez nous, maintenant, il n'y a plus de limite d'âge
Pour l'enfermement...

Jean-François Wolff

Voici 10 ans, à la suite des Frères franciscains de Toulouse, des mouvements et associations (RESF, Réseau franciscain Gubbio, CIMADE, MIR, CCFD-TS, FEP, LDH, entre autres) ont fondé un Cercle de Silence, pour dénoncer les traitements inhumains subis par les migrants, réfugiés et demandeurs d'asile.

« Notre conscience ne pouvait l'accepter,et nous dénoncions ces traitements envers ces personnes pour le seul fait d'être entrées en France pour vivre mieux ou pour sauver leur vie.
Notre Humanité est blessée par de telles actions ».
Alain Richard

Avons-nous conscience qu’en tant que citoyen-ne-s, ces violations sont exercées en notre nom ?

Le silence plus fort que les mots ?

Nous avons choisi de nous exprimer, non par des manifestations bruyantes,
mais par le silence. Silence qui ne porte ses fruits que s'il reste digne, non méprisant.
Un silence habité par notre CRI DE PROTESTATION.
Un silence qui permette d'écouter ce que nous avons de plus précieux à l'intérieur
de nous-mêmes : notre CONSCIENCE.

NON AUX TRAITEMENTS INHUMAINS ENVERS LES MIGRANTS !
NON AUX LOIS CONTRAIRES AUX CONVENTIONS INTERNATIONALES
ET AUX LOIS MORALES RECONNUES PAR TOUTES LES CULTURES !

Pour marquer le 10ème anniversaire de sa fondation, le Cercle de Silence de Paris organise un Cercle de Silence exceptionnel

Samedi 16 Juin 2018,
de 15h à 16h
Place du Palais-Royal
(Métro Palais-Royal, lignes 1 & 7)
- Avec le soutien en chansons de l’artiste HK, à 15h précises -

Anniversaire des dix ans du cercle de silence de Paris
Un cercle de silence en 2008

Tract d'appel pour le cercle de silence anniversaire du 16 juin

Communiqué de presse pour le cercle de silence anniversaire du 16 juin

Dans un communiqué publié hier mercredi 23 mai et retransmis dans un article du Parisien, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a annoncé qu'il « a réuni le Préfet de police de Paris et le Préfet de la région Ile-de-France, pour leur demander de concevoir les modalités d'une opération d'évacuation, à mener à bref délai ».

Présentée comme à l'accoutumée comme une « mise à l'abri » pour raisons « humanitaires », cette évacuation cache surtout une nouvelle opération de contrôle des migrants, le ministre mentionnant explicitement qu'elle « devra impliquer la mise en œuvre d’un certain nombre de contrôles administratifs à l’égard des personnes concernées ». Le communiqué affirme sans retenue aucune l'objectif du gouvernement « d'éloigner ceux qui n'ont pas vocation à rester sur le territoire national ».

Comme toujours lors de telles opérations, on peut craindre le pire pour la sécurité et les droits des personnes concernées (plus de 2000 selon le ministère). Alors que le ministre déplore qu'il s'agisse de la 35ème opération du genre à Paris et que les campements se reconstruisent aussi vite qu'ils ont été détruits, il ne semble pas lui venir à l'esprit qu'il serait peut-être temps de changer de politique...

La semaine dernière, la chasse policière aux migrants à un fait un mort dans les montagnes, près de Briançon. Une fois encore la politique migratoire française a tué. Nous relayons le communiqué de presse de Tous migrants qui relate cet évènement  tragique et rappelle quelques éléments de la législation que les forces de l'ordre seraient en devoir de respecter.

Lundi 7 mai, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé de trois personnes étrangères, dont deux hommes et une jeune femme, marchaient en suivant la nationale 94 en direction de Briançon. La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes et était souvent aidée par les deux jeunes hommes. À la hauteur du hameau de La Vachette, 5 policiers dissimulés dans les fourrés ont surgis brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant « police, police ». Les 3 personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champ en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’Eglise. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les 5 policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. Mercredi 9 mai, le corps d'une jeune femme est retrouvée dans la Durance une dizaine de kilomètres plus en aval. La jeune femme disparue depuis lundi 7 mai s’appelle Mathew BLESSING. Elle est âgée de 21 ans et de nationalité nigériane.

...continuer la lecture de "Un mort dans les montagnes, près de Briançon"

Ismaïl Bokar Deh, sans papiers, est mort dans la matinée du 1er mai suite à une intervention policière.

Interdit de travailler, il vendait des bibelots aux touristes pour survivre. Selon des témoignages recueillis par des proches un policier l’a fait tomber alors qu’il tentait d’échapper à une intervention au château de Versailles. Il a ensuite été lourdement frappé et matraqué au sol par des policiers puis a été emmené à l’hôpital où il est décédé.

Des collectifs de sans-papiers, des comités de familles victimes des violences policières, les collectifs et associations réunis dans la Marche des solidarités appellent à un rassemblement ce vendredi 11 mai à 17H00 au métro St Philippe du Roule proche du ministère de l’intérieur pour mettre un terme à la politique raciste et criminelle du pouvoir et exiger la démission de Gérard Collomb. Ils réclament vérité et justice pour Ismaïl Bokar Deh et dénoncent les crimes commis par la police, l'organisation de l'impunité policière, la politique raciste et criminelle de chasse aux sans-papiers et migrants et la haine à la fois anti-pauvre, anti-ouvrière et anti-noire qui suinte de cet acte d’une atroce barbarie.

La mort révoltante d'Ismaïl Bokar Deh nous rappelle une fois encore que cette politique tue, aux frontières comme dans nos quartiers.

Appel au rassemblement à la mémoire d'Ismaïl Bokar Deh tué par la police

 

Dans le but d'éviter les traversées périlleuses de la Méditerranée, d'affaiblir les réseaux de passeur et surtout de diminuer le nombre de migrants, plusieurs pays occidentaux dont la France ont commencé à examiner des demandes d'asile depuis un camp géré par le HCR au Niger. Nous relayons cet article de Libération qui montre les limites de ce système qui tend une nouvelle fois à extérioriser les frontières de l'Europe. Outre le nombre dérisoire de réfugiés qui devraient être pris en charge grâce à ce système (10000 d'ici à 2019), les gouvernements continuent une politique de tri des migrants entre des réfugiés d'une part et des migrants soi-disant économiques de l'autre. Dans cet article, des exilés témoignent de l'enfer qu'ils ont vécu sur leur route vers l'Europe : traversée du désert, torture dans les prisons libyennes... Pourtant, dans le système de l'asile c'est toujours la suspicion qui domine. Et que deviendra t-il de tous ceux qui, dans un camp loin de chez eux au Sahel, verront leur demande d'asile arbitrairement rejetée ?

Depuis quinze jours, une trentaine d'exilés occupent le bâtiment A de l'université Paris 8 Saint-Denis. Ce faisant, ils entendent dénoncer la politique migratoire (en particulier l'application du règlement Dublin) de la France. Dans un communiqué de presse, ils demandent des papiers pour tous, des logements décents et l'arrêt des expulsions.

Etudiants, exilés et professeurs expriment leur indignation contre les conditions de vie des migrants en France. Rappelons qu'actuellement, malgré la neige et le froid, plusieurs centaines de personnes vivent dans les rues de Paris dont au moins 128 mineurs (voir à ce sujet cet article édifiant du Parisien).

Les occupants de Paris 8 ont bien sûr besoin de soutien. Si vous voulez les aider, vous trouverez une liste régulièrement mise à jour de leurs besoins sur leur page Facebook.

Occupation de Paris 8 par des migrants

Voici un anniversaire que nous aurions préféré ne pas avoir à souhaiter. En février le cercle de silence de Tours "fêtera" ses dix ans. A cette occasion, RCF lui a consacré une petite présentation.

Le cercle de silence de Paris se réunira quant à lui pour la cent-vingtième fois le 16 mars 2018. En effet, depuis maintenant dix ans, malgré deux changements de gouvernement, la politique migratoire française et européenne est toujours aussi déplorable. La politique d'Emmanuel Macron n'a rien à envier à celle de ses prédécesseurs. Les expulsions continuent, y compris vers des pays dangereux comme l'Afghanistan ou le Soudan, des familles sont enfermées en centre de rétention, les demandeurs d'asile sont hébergés dans des Pradha et CAO aux conditions lamentables quand ils ne sont pas tout simplement à la rue.

Nous espérons vous voir nombreux pour les dix ans du cercle de silence pour manifester notre indignation contre ces pratiques commises en notre nom.

Une famille avec trois enfants dont un bébé de 6 mois a été illégalement enfermée en rétention par le préfet du Haut-Rhin, avant d’être renvoyée dans un avion privé vers la Finlande. Elle risque désormais une expulsion vers l’Afghanistan. Une situation d'autant plus inacceptable que l'on connait les risques encourus par les personnes expulsées vers ce pays (voir l'article du 06/10/2017).

La famille de nationalité afghane a été expulsée dans la matinée du 11 octobre dans un avion privé spécialement affrété par le ministère de l’intérieur. « Cet enfermement et cette expulsion interviennent au lendemain de la déclaration du ministre Gérard Collomb qui fait l’amalgame entre terroristes et migrants, s’offusque du laxisme de certains préfets et pointe les « dysfonctionnements » d’un système. Pourtant la machine à expulser fonctionne pour des familles dont le seul crime est d’être entré en Europe par un autre pays que la France et le gouvernement fait le choix de mener ces expulsions en toute illégalité » a déclaré Jean-Claude Mas, secrétaire général de La Cimade.

Alors que la famille avait respecté les conditions d’une assignation à résidence, une dizaine de policiers est venue chercher les parents et leurs trois enfants (deux petites filles de 6 et 11 ans et un bébé de 6 mois) à l’aube dans l’hôtel où ils étaient hébergés dans le Haut-Rhin. Après avoir été enfermée pendant une journée au local de rétention administrative de Saint-Louis, la famille a été expulsée dans un avion privé au départ de l’aéroport de Mulhouse vers Helsinki. En Finlande, ils risquent une expulsion vers Kaboul.

La préfecture du Haut-Rhin, avec l’aval du ministère de l’intérieur pourtant alerté par La Cimade, s’est chargée de mettre en œuvre cette expulsion en toute illégalité : illégalité de l’interpellation à domicile, illégalité de l’enfermement de trois jeunes enfants et illégalité du placement en rétention administrative des personnes sous le coup d’une procédure « Dublin » (Cour de cassation, 27 septembre 2017, n°17-15160). La décision d’affréter un avion privé a permis au ministère et à la préfecture de s’affranchir du contrôle de la justice et du regard de la société civile.

Au-delà de l’illégalité de cette procédure, La Cimade rappelle que l’enfermement des mineurs est une mesure extrêmement grave. Les centres de rétention sont des lieux anxiogènes et traumatisants, plus particulièrement pour des enfants.La France a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme dans cinq affaires le 12 juillet 2016.

Aujourd’hui, nous réitérons la demande de moratoire sur toutes les expulsions de personnes de nationalité afghane et la fin des enfermements d’enfants en rétention.