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Le prochain cercle de silence se tiendra ce vendredi 21 mars à 18h30, place du Palais royal (le suivant se tiendra le 18 avril). Votre présence en soutien est précieuse, même pour quelques minutes ! Nous relayons également l'appel collectif de nombreuses organisations à participer à la manifestation contre le racisme ce samedi 22 mars à 14h au départ de République.

Le 18 mars, la police a évacué brutalement (on compte 9 blessés) les 450 mineurs isolés qui occupaient depuis plusieurs mois la Gaité lyrique pour essayer de dormir au chaud. Ils ont été remis dehors par 2°C. Les seules solutions d'hébergement qui leur ont été proposées sont temporaires et en province, loin des associations qui les soutiennent et surtout des juridictions où ils attendent leur audience avec le juge des enfants. Et bien entendu, aucune perspective de scolarisation ne les y attend. 

En France, 7ᵉ économie mondiale, 2000 enfants sont sans abri selon l'Unicef. En tout, 350 000 personnes sont sans-domicile, soit une augmentation de 6% en un an et de 145% depuis 2012 ! Lasses de cette situation insupportable, 40 associations ont déposé un recours contre les manquements de l'État sur l'hébergement d'urgence et le logement social. Récemment, la justice a d'ailleurs condamné l'État à verser 836 000 euros à la communauté d'agglomération Pays Basque, estimant qu'il avait manqué à ces responsabilités concernant l'organisation et le financement de l'accueil des personnes migrantes. Une décision qui pourrait faire jurisprudence tant les associations et les collectivités sont épuisées de pallier les carences de l'État en matière d'hébergement et d'accueil avec des moyens dérisoires.

Autre population particulièrement vulnérable, les femmes migrantes vivent bien souvent dans des conditions sordides dans notre pays. Face aux stéréotypes sur les migrants, on oublie souvent que plus de 48% des personnes qui migrent sont des femmes qui sont ainsi exposées à des violences spécifiques. De nombreuses femmes exilées arrivant en France ont fui des violences basées sur le genre dans leur pays d'origine : mariages forcés, mutilations génitales, violences conjugales, agressions sexuelles dans le cadre de conflits armés... Puis, sur le chemin de l'exil, neuf femmes sur dix subissent des violences, notamment le viol et la prostitution forcée. Quand elles arrivent en France après avoir subi toutes ces horreurs, on pourrait espérer qu'elles soient prises en charge pour leur permettre de se rétablir. Au lieu de cela, les politiques de non-accueil les laissent dans la précarité la plus totale. À la rue ou dans les campements, elles sont particulièrement exposées aux violences et aux réseaux de traite d'êtres humains. Dans le nord, le démantèlement incessant des campements aux abords des côtes de la Manche et l'absence d'installations sanitaires démultiplient encore la problématique. Dans l'un des campements, pour trouver des toilettes publiques, il est nécessaire de prendre un bus dont l'arrêt est situé à 35 minutes de marche. Impossible donc d'y aller la nuit. Se soulager dans le noir expose aux agressions, se retenir aux infections urinaires... Pour pallier le problème, une association en est réduite à distribuer aux femmes des couches pour adultes. Une "solution" qui n'en est pas vraiment une quand il n'y a pas d'endroit pour se laver... Cette situation est-elle acceptable en 2025 dans un pays riche comme le nôtre ?


Même quand un dispositif d'accueil est censé être prévu, comme pour les demandeurs d'asile et les réfugiés, il est grandement insuffisant. Le dispositif national d’accueil, dédié aux demandeurs d'asile et réfugiés, compte ainsi 120 000 places d'hébergement dont seules 300 sont réservées aux femmes exilées victimes de violences ou de traite des êtres humains. Dérisoire donc par rapport aux chiffres mentionnés plus haut. Et cela ne risque pas de s'améliorer avec la suppression de 10 000 places d'hébergement pour demandeurs d'asile dans le budget 2025.

Pourtant, le gouvernement sait trouver de l'argent quand il s'agit d'enfermer les gens dans des centres de rétention. Il prévoit ainsi la construction de nouveaux centres, notamment à Nantes et Dunkerque, et le ministre de l'Intérieur souhaite prolonger la durée maximale de détention à 18 mois. On aurait donc du budget pour enfermer pendant un an et demi des gens n'ayant commis aucun crime tandis que nos prisons sont surpeuplées et en manque de personnel et qu'on n'a soi-disant pas les moyens d'héberger décemment les enfants ! Actuellement, les trois mois de détention sont déjà source de beaucoup de souffrance pour les personnes enfermées. Le Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté a même relevé des conditions d'hygiène lamentables, une nourriture insuffisante, le recours massif et en dehors de tout cadre légal à l'isolement et le manque d'accès aux soins. Plusieurs personnes y meurent chaque année. Au point que la Cimade a décidé de se retirer définitivement du centre du Mesnil Amelot car les conditions ne lui permettaient pas de remplir sa mission d'accès aux droits. Elle dénonce également les pratiques illégales de la préfecture, une vingtaine de personnes ayant été expulsées illégalement à partir du Mesnil Amelot entre 2023 et 2024.

Quand les politiques et les grands médias nous parlent des migrants, la question du respect des lois et des "valeurs" françaises et européennes revient en boucle. Mais ils omettent que, le plus souvent, ces lois et ces valeurs ne sont pas bafouées par les personnes migrantes mais par nos propres institutions. Ces expulsions illégales ne sont malheureusement qu'un exemple dans un océan de violations. Le maire RN de Bézier devrait comparaître prochainement devant le tribunal correctionnel pour avoir refusé de marier une française et son fiancé sans-papier. Il est intéressant de noter une fois de plus combien les droits des migrants et des français sont liés : est-on d'accord pour qu'un maire puisse décider avec qui on a le droit de se marier ? Plus grave encore, des témoignages accusent un gendarme d'avoir percé d'un coup de couteau le boudin d'une embarcation dans la Manche, provoquant un mouvement de panique. Une femme est tombée à l'eau et souffre de graves séquelles à cause du manque d'oxygène dans son cerveau lors de la noyade. Nous sentons nous vraiment en sécurité lorsque les forces de l'ordre se comportent ainsi ?

À l'échelle européenne, neuf organisations de défense des droits de l'Homme ont publié un rapport faisant état d'au moins 120 457 "pushbacks" en 2024 en Europe. Ces refoulements à la frontière sans laisser à la personne concernée la possibilité de demander l'asile sont illégaux au regard du "principe de non-refoulement" consacré par l’article 33 de la Convention de Genève sur le droit des réfugiés ratifiée par les pays européens. En tête du classement des pays qui refoulent le plus de migrants, arrive la Bulgarie avec 52 534 "pushbacks" vers la Turquie en 2024.  Ces refoulements, souvent violents, peuvent parfois mener à des drames : au moins 93 personnes transitant par la Bulgarie sont décédées en 2022 et 2023 et, récemment, trois adolescents sont morts de froid après que la police bulgare ait empêché les secours de les atteindre. En deuxième position se trouve la Grèce, avec 14 482 refoulements, consistant en général à abandonner les personnes dans les eaux turques après leur avoir pris leurs affaires personnelles et leur carburant. En janvier 2025, la Grèce a d'ailleurs été condamné par la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) pour refoulement illégal de migrants. En février 2025, la Pologne, la Lettonie et la Lituanie comparaissaient devant cette même Cour pour les mêmes griefs. Avec la Hongrie et la Croatie, ces pays ont commis plusieurs milliers de refoulements en 2024. Le rapport inclut également les plus de 21 000 personnes ramenées de force en Libye par les garde-côtes libyens financés par l'Union européenne. Le 18 février, une trentaine d'ONGs ont à nouveau demandé à l'UE de mettre fin à son partenariat avec la Libye suite à la découverte macabre de fosses communes de migrants dans le pays.

Soyons donc nombreux au cercle de silence pour montrer notre refus des politiques migratoires inhumaines et notre volonté de construire une société ouverte et accueillante.  Et n'hésitez pas à diffuser largement cette lettre d'information !

Le prochain cercle de silence se tiendra ce vendredi 21 février à 18h30, place du Palais royal (le suivant se tiendra le 21 mars). Votre présence en soutien est précieuse, même pour quelques minutes !

Si on espérait avoir touché le fond avec la dernière loi sur l'immigration promulguée il y a un an, il n'en est malheureusement rien et la surenchère sur la question migratoire bat son plein. C'est maintenant le Premier ministre qui nous parle de "submersion migratoire". Un discours qui, comme trop souvent, nie les faits pour orienter le débat vers les migrants et faire passer la pilule des coupes budgétaires massives qui affaiblissent toujours plus des services publics déjà en lambeau. Un discours qui permet aussi de détourner l'attention de la véritable "submersion" vécue par les centaines de foyers qui, au même moment, étaient victimes d'inondations sévères, liées au dérèglement climatique, sujet auquel le gouvernement ne fait même plus mine de s'intéresser. Il s'agit pourtant, au dire des scientifiques, d'une menace autrement plus importante que les 6% d'étrangers issus de pays tiers qui vivent actuellement dans l'Union européenne (et dont 40% sont des réfugiés ukrainiens). Et en Europe, la France est loin d'être le pays le plus accueillant. Dans notre pays, 13% de la population est immigrée, càd est installée depuis au moins un an en étant née dans un autre pays (européen ou non). Au Luxembourg, ce taux atteint 49%, il est de 29% en Suisse, 20% en Suède ou en Islande, 18% en Allemagne et en Belgique et 14% en Slovénie. Et il ne semble pas que la situation économique ou sécuritaire de ces pays ait quoi que ce soit à envier aux autres pays européens.

Mais dans la suite des propos du Premier ministre, le ministre de l'Intérieur, M. Retailleau a envoyé aux préfets une nouvelle circulaire qui porte à au moins 7 ans la durée de présence requise en France pour prétendre à la régularisation au lieu de 3 à 5 auparavant. En outre, en cas de refus, les requérants recevront systématiquement une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). De ce fait, il est à craindre que de moins en moins de personnes osent effectuer des demandes de régularisation de peur d'être expulsées. Cela vient renforcer les effets de la loi Darmanin, véritable fabrique de sans-papiers. Rappelons en effet, que la plupart des personnes sans-papiers sont entrées légalement en France mais ont vu leur situation administrative se dégrader du fait de critères de renouvellement des titres de séjour de plus en plus restrictifs. L'introduction des tests de langue risque ainsi de faire basculer des milliers de personnes dans la clandestinité. Si la connaissance de la langue est bien sûr indispensable à l'intégration dans la société, les tests sont inadaptés pour de nombreuses personnes qui ne maîtrisent pas l'écrit. Cela ne les empêche pas de travailler, de participer à la vie associative locale et de nouer des relations fortes en France.

Les politiques migratoires inhumaines que nous dénonçons chaque mois au cercle de silence n'améliorent en rien les conditions de vie des français ou des européens. Pour pourrir la vie des personnes migrantes, nos gouvernements dépensent des centaines de millions d'euros à l'heure où les hôpitaux, les écoles et les transports publics sont dans un état lamentable. L'enfermement en centre de rétention et les expulsions coûtent ainsi plusieurs dizaines de milliers d'euros par personne détenues et nécessitent des effectifs policiers alors que la police de proximité peine à répondre aux besoins de la population. Des millions sont également mis sur la table pour le déploiement de dispositifs de surveillance de pointe basés sur l'intelligence artificielle pour lesquels les frontières servent de laboratoire. Parmi les systèmes "intelligents" expérimentés dans l'Union européenne, on trouve par exemple un détecteur d’émotions pour identifier les mensonges dans un récit, un détecteur d’accent pour déterminer la provenance d’un ressortissant étranger, une analyse des messages, des photos et des géolocalisations d’un smartphone pour vérifier une identité... Les personnes migrantes servent ainsi de cobayes pour des systèmes de surveillance de masse qui pourront ensuite se généraliser.

Ceux à qui profitent ces politiques, ce sont malheureusement ceux qui font leur fonds de commerce de la misère humaine. Tout d'abord les entreprises qui peuvent exploiter une main d’œuvre corvéable à merci, car dans l'impossibilité de faire valoir ses droits, notamment dans les secteurs du bâtiment, du nettoyage ou de l'agroalimentaire. Et puis, tous les trafiquants d'êtres humains, depuis les marchands de sommeil jusqu'aux proxénètes. Les associations alertent régulièrement sur la disparition de personnes, particulièrement de jeunes filles mineures laissées à la rue, probablement dans les réseaux de traite. L'argument sécuritaire qui justifie ces politiques n'est donc qu'un voile de fumée, la précarisation toujours croissante des personnes migrantes renforçant au contraire les réseaux criminels qui les exploitent. La réalité est donc bien loin des discours sur la protection des migrants face aux passeurs. Ce que confirme la libération et l'exfiltration par l'Italie d'un trafiquant de migrants libyen, sous mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, qui se trouvait sur son sol.

Avec le repli sur soi de l'Europe forteresse, c'est notre humanité qui est en danger. Récemment, trois adolescents égyptiens ont été retrouvés morts de froid à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie après que la police bulgare ait ignoré les appels d'urgence des associations humanitaires et les ait empêchés de se rendre sur la zone pour leur porter secours. Un drame qui survient alors que les ONGs dénoncent depuis des années la violence de la police bulgare qui, avec la complicité de l'agence européenne Frontex, refuse l’assistance médicale aux personnes migrantes et les oblige à retourner en Turquie à la nage, après leur avoir volé leurs affaires et les avoir déshabillées de force.

Derrière toutes ces tragédies, il y a des personnes qui avaient des rêves et des familles qui les pleurent. Nous terminerons donc cette lettre avec un poème écrit par un homme qui a été sauvé par l'Ocean Viking au large des côtes maltaises mais dont la petite fille de sept ans, Rahaf, n'a pas survécu.

Sur le rivage de la mort, ton voyage s'est achevé. 
Ton petit cœur, encore tendre, n'a pas résisté. 
Il était rempli d'amour, débordant jusqu'au dernier souffle. 
Tu es partie, ma belle, ma petite. 
Ta douce voix s'est éteinte à jamais,
Laissant derrière elle un père, une mère et une sœur, perdus, errant entre ciel et mer.
Comment ton cœur si pur a-t-il pu quitter soudainement tes proches tant aimés ?
Tu as supporté les difficultés du voyage, la cruauté des vagues
- tout cela pour quoi ?
Pour une vie digne.
Oui, tu l'as trouvée maintenant, Rahaf. Tu as atteint le bonheur éternel.
Que ton âme repose en paix, mon amour.

Ce vendredi, nous rendons hommage, par notre silence, à la petite Rahaf et à sa famille ainsi qu'à tous ceux qui risquent leur vie pour échapper à l'insoutenable. Nous rendons également hommage aux milliers de personnes qui se démènent pour aider nos frères et nos soeurs migrants, depuis les équipages des navires de sauvetage jusqu'aux citoyens qui, partout en France et en Europe, se mobilisent pour leur offrir nourriture, hébergement et soutien. Nous vous y espérons nombreux !

Merci pour votre attention et à très bientôt !

Le groupe de coordination du Cercle de Silence de Paris

Le prochain cercle de silence se tiendra ce vendredi 17 janvier à 18h30, place du Palais royal (le suivant se tiendra le 21 février). Votre présence en soutien est précieuse, même pour quelques minutes !

En 2024, les dirigeants européens ont poursuivi leurs politiques migratoires meurtrières. D'ailleurs, à quelques heures de la nouvelle année, les garde-côtes grecs se sont illustrés en interceptant 39 exilés dont 23 enfants et en les forçant à monter dans deux radeaux de sauvetage qu'ils ont abandonnés dans la nuit en pleine mer après leur avoir pris leurs téléphones.

D'après les chiffres conservateurs de l'ONU, 1 700 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée centrale pour rejoindre l'Europe. Difficile de connaître l'ampleur de la tragédie, car de nombreuses embarcations disparaissent sans laisser de trace. Et l'externalisation des frontières de l'Europe permet de laisser mourir les gens loin de nos regards. Les garde-côtes libyens, financés par l'Union européenne, ont ainsi arrêté 21 700 exilés (dont 700 enfants) en mer Méditerranée et les ont ramenés de force dans l'enfer des geôles libyennes où les viols, torture et assassinats sont la norme. Dans ce pays, les personnes migrantes sont considérées comme de la marchandise, vendues comme esclave ou kidnappées et torturées pour rançonner leurs familles.

Une enquête de Lighthouse Reports a montré comment, les fonds de l'UE (plus de 400 millions depuis 2013) financent des opérations clandestines au Maroc, en Tunisie et en Mauritanie au cours desquelles les migrants subsahariens sont arrêtés en raison de leur couleur de peau et emmenés dans le désert sans eau ni nourriture, et parfois vendus à des trafiquants d'êtres humains ou à des gangs qui les torturent contre rançon. Alors qu'on nous parle sans cesse de lutte contre les passeurs, en réalité, les gouvernements européens contribuent, sciemment, au financement et à l'équipement de ces réseaux criminels.

Le résultat de ces politiques, c'est toujours plus de morts sur les routes migratoires. On estime ainsi que, si 63 970 personnes sont arrivées en Espagne en 2024, plus de 10 000 sont mortes noyées sur la route, dont 1 538 enfants. 

Nos gouvernements feraient mieux de se demander ce qui pousse des hommes, des femmes, et des enfants à prendre tous ces risques. Mais cela demanderait de remonter aux causes des guerres et à l'origine des armes utilisées, aux financements occultes des dictateurs ou à l'impact des multinationales européennes dans les pays du Sud global. Par exemple, l'exploitation minière au Sénégal par l'entreprise française Eramet, à destination de l'industrie française (nucléaire, bâtiment...), détruit et assèche les terres agricoles, chasse les populations de chez elles et pulvérise l'économie locale. Et que dire des navires usines européens qui vident les côtes africaines de leurs poissons ? Alors posons-nous la question : que ferions-nous à la place de ces personnes à qui on a tout pris ?

Pour celles et ceux qui arrivent en Europe, le calvaire n'est malheureusement pas fini. Si on dépense des centaines de millions pour les garde-côtes libyens ou les drones de Frontex, il n'en est pas de même pour l'accueil. L'hébergement d'urgence étant saturé, nombre d'exilés vivent actuellement à la rue, malgré les températures négatives. Les campements de fortune qu'ils construisent en espérant se réchauffer un peu sont systématiquement détruits par la police qui laisse les gens dans la même situation dramatique qu'avant, la tente en moins. Quand bien sûr elle ne les enferme pas en centre de rétention, ces prisons pour étrangers aux conditions sanitaires déplorables. Depuis octobre dernier, quatre personnes y sont mortes, dont deux par suicide.

Nous ne pouvons pas finir cette lettre sans parler de la situation lamentable à Mayotte suite au cyclone Chido qui a détruit la quasi-totalité des bidonvilles de l'île abritant environ 200 000 personnes. Au lieu de prendre ses responsabilités sur ses défaillances dans l'administration du département le plus pauvre de France, l'Etat s'est encore défaussé sur les migrants. Les ministres de l’Intérieur, des Outre-mer et des Armées, ont ainsi osé déclarer que les « désordres migratoires » avaient « aggravé » la situation ! Qui pourtant est responsable du sous-financement chronique des infrastructures de l'île ? Et alors que l'aide humanitaire tarde à arriver (une semaine après le cyclone, les habitants des bidonvilles — dont plus du tiers sont des Mahorais en situation régulière — n'avaient toujours reçu ni eau ni nourriture), ces mêmes ministres annonçaient le déploiement d'ici fin janvier de nouveaux moyens pour lutter contre l'immigration clandestine comme des radars légers, des caméras à très longue portée ou encore des drones. Voilà une utilisation pertinente de nos impôts qui va aider les habitants de l'île privés d'eau courante et d'électricité ! 

En 2025, nous prenons l'engagement de continuer à garder les yeux ouverts sur les souffrances de nos frères et sœurs migrants, à nous mobiliser pour dénoncer les politiques migratoires honteuses et éveiller les consciences de nos concitoyens et à contribuer, à notre échelle, à construire une société ouverte et accueillante. Nous espérons que vous serez nombreux à nos côtés !

Le prochain cercle de silence se tiendra ce vendredi 20 décembre à 18h30, place du Palais royal (le suivant se tiendra le 17 janvier). Pour beaucoup de personnes migrantes, l'heure n'est malheureusement pas à la fête. Votre présence en soutien est précieuse, même pour quelques minutes !

Nous aurons d'abord une pensée pour toutes les personnes affectées par le cyclone Chido qui a frappé Mayotte il y a moins d'une semaine. Les estimations du nombre de morts varient entre quelques centaines et quelques milliers de personnes et il est probable qu'un bilan exact n'en sera jamais effectué, les populations les plus affectées vivant dans des conditions sordides dans des bidonvilles où, même en temps normal, l'accès à l'eau n'est pas garanti. Cette catastrophe nous rappelle la négligence criminelle de l'État envers le département le plus pauvre de France où les trois-quarts des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Une partie importante de la population vient des Comores voisines mais également d'Afrique de l'Est ou de Madagascar. Chaque année, de nombreuses personnes meurent dans l'Océan Indien en tentant de rejoindre l'île. Aucun système de sauvetage évidemment, mais une politique migratoire particulièrement répressive avec des dizaines de milliers d'expulsions par an. Avec le cyclone, cette politique a fait des victimes supplémentaires, les personnes sans-papiers ayant craint de se faire arrêter et expulser si elles se rendaient dans les abris.

Il n'y a pas qu'à Mayotte où la crainte de la police a des conséquences mortelles pour les personnes migrantes. Cette année, plus de 80 personnes (dont des enfants) sont mortes en tentant de passer au Royaume-Uni soit plus qu'au cours des cinq années précédentes. Et le bilan ne tient compte que des personnes dont les corps ont été retrouvés, pas de celles qui sont portées disparues par des proches après un naufrage. Les associations sont unanimes sur la responsabilité portée par la militarisation de la région autour de Calais qui contraint les migrants à partir de plus en plus loin des côtes britanniques ou à monter dans les bateaux alors qu'ils sont déjà en mer, risquant l'hypothermie et la noyade. De nombreuses pratiques illégales et dangereuses de la part des forces de l'ordre ont été documentées comme le percement des embarcations, la jetée de gaz lacrymogènes dans les canots ou les tirs de lanceurs de balles de défense (LBD), une arme pourtant potentiellement létale.

Début novembre, Human Rights Watch a dénoncé, dans une lettre à Michel Barnier, alors Premier ministre, la détérioration du bilan de la France en matière de droits humains au cours des dernières années. L'ONG a notamment mis en cause lois successives sur l'immigration qui ont "porté atteinte aux droits des migrants et des demandeurs d’asile" et a pointé du doigt les "problématiques systémiques que sont le racisme structurel et les pratiques policières discriminatoires." 

Cela fait plus de 16 ans que les cercles de silence ainsi que de nombreuses associations dénoncent les politiques migratoires en question. Parmi les pratiques dont nous exigeons la suppression, figure l'enfermement dans les centres de rétention, structures carcérales qui "fêtent" leur 40 ans cette année. En 2023, 45 000 personnes ont été enfermées dans ces centres, souvent de manière illégale. La Cimade a ainsi recensé des enfermements de français (!), de personnes gravement malades, d'une femme victime de violence qui sollicitait l'aide de la police et de personnes venant de régions en guerre comme le Soudan, la Palestine, Haïti ou le Tigré (en Éthiopie). Et il a fallu 11 condamnations de la France par la Cour européenne des droits de l'Homme à cause de l'enfermement des enfants pour que cette pratique soit enfin interdite, sauf à Mayotte, où plus de 55 000 enfants ont été enfermés en 20 ans et où l'interdiction ne prendra effet qu'en 2027 !

À cela s'ajoutent les maltraitances quotidiennes dont sont victimes les exilés venus chercher un peu de sécurité dans notre pays. Beaucoup se retrouvent à la rue et subissent un harcèlement policier permanent pour les empêcher de former des campements, même en plein hiver. À Calais, où plusieurs milliers de personnes vivent dehors, 3200 tonnes de rochers ont été déposées en centre-ville début novembre, pour empêcher l'installation de tentes. En France, l'un des pays les plus riches de la planète, des milliers d'enfants vivent à la rue. À Paris, plus de 200 mineurs non accompagnés ainsi que deux femmes enceintes et des jeunes enfants (dont un bébé de 18 mois) ont récemment investi le bâtiment de la Gaité lyrique en espérant enfin faire valoir leurs droits à l'hébergement et à l'éducation. Aux dernières nouvelles, ils étaient toujours sans chauffage ni solution durable. Dans le Nord, une soixantaine de mineurs isolés ont été installés dans un hôtel sans aucun suivi éducatif, alors même que l'accès au titre de séjour à leur majorité est tributaire de leur parcours scolaire... À Calais, les mineurs isolés, sans ressources, tentent désespérément de monter dans les camions en partance pour l'Angleterre au risque de se faire écraser, tabasser par les chauffeurs ou mordre par les chiens des gardiens de sécurité. Pour gagner l'argent nécessaire à la traversée en bateau, certains de ces enfants en sont réduits à se prostituer.

Quant à l'Europe, elle se barricade chaque jour davantage sur elle-même, au mépris des droits humains et du droit international. Plusieurs pays comme la Finlande ou la Pologne ont décidé de restreindre l'application du droit d'asile, avec la bénédiction de la Commission européenne. Alors que situation en Syrie est encore très instable, que le pays est en ruine après 13 ans de guerre et qu'Israël en profite pour bombarder plusieurs régions dont la banlieue de Damas dans l'impunité la plus totale, de nombreux pays européens dont la France, l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la Norvège ou la Suède ont décidé de suspendre le traitement des demandes d'asile des Syriens. Le droit maritime, qui impose de venir en aide aux personnes naufragées, est également allègrement bafoué. La Grèce, sous la surveillance de l'agence européenne Frontex, a effectué au moins 2000 renvois illégaux vers les eaux turcs, avec plusieurs cas de noyades documentés (et de fortes suspicions que cette pratique ait été la cause du naufrage de l'Adriana en juin 2023, entraînant la mort de 650 personnes). L'Italie augmente encore son arsenal punitif contre les ONGs de sauvetage en mer qui, en privant la Méditerranée des rares navires de sauvetage, est déjà certainement responsable d'un nombre de décès qu'on ne connaîtra probablement jamais avec certitude, certaines embarcations disparaissant sans laisser de traces. Le 11 décembre, l'équipage du navire de sauvetage Trotamar III a miraculeusement entendu les appels dans la nuit d'une enfant de 11 ans qui flottait dans l'eau depuis plusieurs jours. Les 44 autres passagers ont été engloutis par la mer. Pour l'ONG Sea Watch, le nombre moyen de personnes décédées en Méditerranée est passé de 162 à 218 avec l'arrivée au pouvoir de la Première ministre d'extrême droite. Et puis les drames s'enchaînent, dans la Manche, la Méditerranée ou l'Atlantique, où des embarcations font naufrage plusieurs jours après que des ONGs aient alerté sur leur situation de détresse, différents pays se renvoyant la responsabilité du sauvetage jusqu'à ce qu'il soit trop tard. 

Ces politiques migratoires ne sont pas un problème de gestion, comme elles sont régulièrement présentées, mais correspondent à un modèle de société. Un modèle où l'on laisse des personnes à la rue ou dans des bidonvilles au sein de sociétés opulentes, où l'on paie des gens pour tirer sur ceux qui fuient la guerre ou la misère, où l'on laisse des enfants se noyer dans l'indifférence et où l'on criminalise ceux qui cherchent à leur venir en aide, en bref, un modèle sans considération pour la vie humaine. Est-ce vraiment la société dans laquelle nous souhaitons vivre ?

Au cercle de silence, nous refusons ce modèle de société et revendiquons notre détermination à construire un monde solidaire et ouvert qui célèbre la valeur intrinsèque de chaque individu. Nous vous y espérons nombreux !

Dans son discours de politique générale du 1er octobre, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a fait part de sa volonté de durcir encore la politique migratoire française. Il a notamment proposé la possibilité d'allonger la durée de rétention des personnes sans-papiers au-delà de la limite légale de 90 jours. Il a également évoqué le chantage aux visas pour les pays qui refusent d'accorder les laissez-passer consulaires nécessaires aux expulsions. Rappelons que la politique française et européenne des visas est déjà fortement inégalitaire vis-à-vis des pays du Sud, en particulier d'Afrique. Les demandes sont en effet longues et coûteuses et aboutissent le plus rarement à des refus. Cela signifie que, si les Français ont le droit de se rendre par exemple en Algérie ou au Maroc pour les vacances, les Algériens et les Marocains sont souvent privés du droit de visiter la France, y compris pour rendre visite à leurs proches. 

Pour le seconder dans sa mission d'expulser un maximum de personnes, M. Barnier a nommé comme ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui ne fait pas mystère de ses positions anti-immigration. En visite au centre de rétention du Mesnil-Amelot, ce dernier a déclaré ne plus vouloir de la présence des associations dans les centres de rétention administrative et confier à l’Ofii, organisme sous tutelle du ministère de l’Intérieur, la mission d’aide juridique, prétextant que les associations seraient « juge et partie ». Ce serait en effet dommage qu'il y ait un regard extérieur pour témoigner des conditions désastreuses de ces centres et des pratiques illégales qui y sont monnaie courante. Par exemple, cet été, la Cimade a dénoncé les conditions sanitaires épouvantables du centre du Mesnil-Amelot où les détenus n'avaient pas un accès suffisant à l'eau pendant les fortes chaleurs. Elle a également assisté au placement en rétention de deux Brésiliens, interpellés pour suspicion d'escroquerie alors qu'ils essayaient de changer leurs billets aux abords d'un lieu d'épreuve olympique. Ils avaient pourtant leurs billets pour rentrer chez eux quelques jours plus tard. C'est sûr que ça donne une belle image de la France... Mais eux au moins ne risquent pas leur vie en rentrant dans leur pays. Ce n'est pas le cas d'autres nationalités que les préfectures n'ont pas hésité à expulser ses derniers moins. On a ainsi assisté à des expulsions vers la République démocratique du Congo (où sévissent des conflits violents qui ont fait près de 7 millions de déplacés) ou vers Haïti, pourtant en proie à une guerre des gangs meurtrière. Notons que, dans les deux cas, les ingérences occidentales ne sont pas étrangères aux drames qui se déroulent sur place : le contrôle des ressources minières en RDC, exploités notamment dans l'industrie du numérique est l'une des causes du conflit, tandis que la situation politique et économique d'Haiti ne serait sans doute pas ce qu'elle est sans la dette écrasante à laquelle la France l'a soumis entre son indépendance et la première moitié du XXème siècle (le manque à gagner actuel pour Haiti dû aux conséquences de la dette est évalué à plusieurs dizaines de milliards de dollars). Et parmi les personnes enfermées en centre de rétention récemment, se sont également retrouvés des Syriens, des Afghans, des Soudanais et des Palestiniens. Sommes-nous fiers d'essayer de renvoyer les gens vers un dictateur sanguinaire, les talibans, la famine ou un génocide ?

D'après M. Retailleau, "l'immigration n'est pas une chance pour la France". Il est étrange qu'un ancien sénateur et maintenant ministre soit si mal informé de l'apport humain et économique des personnes migrantes. Il a été maintes fois établi que les immigrés, du fait de leur âge généralement plus jeune que la moyenne française, contribuent plus aux finances publiques qu'ils ne coûtent. La Seine-Saint-Denis, département qui comprend la plus grande part de personnes issues de l'immigration en France (31,6 % selon l'Insee), est ainsi le huitième département contributeur au financement de la protection sociale alors que c'est celui qui en reçoit le moins. Pour se rendre compte de la contribution des étrangers, on peut aussi essayer d'imaginer la France sans eux. En Île-de-France, 60% des aides à la personne sont des immigrées. Souhaite-t-on vraiment qu'elles rentrent soi-disant "chez elles" ? Et Paris ne serait-elle pas un peu triste sans restaurants ? Mais pour cela, il faut des cuisiniers dont la moitié sont des personnes immigrées, une grande partie étant même sans-papiers. Plus généralement, en Europe, ce sont plus de 2,4 millions de travailleurs migrants qui s'occupent de récolter nos fruits et nos légumes, souvent dans des conditions d'exploitation sordides. Une pétition est d'ailleurs en ligne pour les soutenir et exiger des conditions de travail dignes pour tous les travailleurs. 

M. Retailleau a également remis sur la table la suppression de l'AME, l'aide médicale d'Etat, qui permet aux personnes sans-papiers d'accéder à un panier de soins de base. Cette mesure, déjà retoquée par le Conseil constitutionnel lors de l'examen de la loi Immigration, fait frémir toutes les personnes sensibles à la souffrance humaine et fait bondir les médecins qui dénoncent une mesure délétère pour la santé publique et qui ajouterait un poids supplémentaire à l'hôpital public, les actuels bénéficiaires risquant de se tourner vers les urgences, le seul service qui leur serait encore accessible. Cette mesure est en outre dénuée de fondement économique, l'AME ne représentant que 0,47% du budget de l'assurance maladie. 

Avec ce nouveau gouvernement, l'heure est à la remobilisation, car il est clair que la situation des migrants va être encore plus difficile qu'elle n'est déjà. Il va nous falloir nous organiser encore plus pour soutenir ces personnes et leur permettre de remplir leurs besoins de base. Mais également œuvrer à sensibiliser nos concitoyens tant à leurs souffrances qui résultent de politiques migratoires inhumaines qu'aux richesses qu'elles nous apportent. Au cercle de silence, nous voulons dire oui à la fraternité, à l'accueil et à la rencontre entre les cultures du monde, et non à l'indifférence, à la peur de l'autre et aux discriminations. Le prochain cercle de silence aura lieu le 15 novembre place du Palais royal. Nous vous y espérons nombreux !

Les collectifs de Sans-papiers et les associations qui les soutiennent appellent à une manifestation samedi 24 août pour l'anniversaire de l'expulsion violente des Sans-papiers de l'église
St-Bernard en 1996.

Le 18 mars 1996, à Paris, 350 personnes (hommes, femmes et enfants) en situation irrégulière sortent en pleine lumière et elles occupent des églises, des gymnases, un entrepôt de la SNCF pour obtenir leurs papiers. Le 28 juin, l'église Saint-Bernard est occupée et dix Sans-papiers commencent une grève de la faim. Le 23 août 1996, la police évacue l'Église Saint-Bernard en défonçant la porte à coups de hache pour déloger les dix grévistes de la faim et les familles qui y campaient depuis plus de 50 jours.
Depuis 28 ans, la situation des Sans-papiers ne s'est pas améliorée, bien au contraire. Organisés en collectifs, ils continuent de lutter en organisant des occupations, des marches et des grèves.

Le 24 août, cette nouvelle mobilisation sera l'occasion de revendiquer :

  • La régularisation globale de tous les Sans-papiers par une carte de dix ans,
  • L'égalité des droits,
  • L'accès au logement et aux études pour les mineurs isolés,
  • L'abrogation de la loi Darmanin et de toutes les lois racistes,
  • La fermeture des Centres de rétention,
  • La dissolution de Frontex.

La manifestation partira à 15h du métro Couronnes pour rejoindre l'église Saint Bernard. Soyons-y nombreux !

Ne pensons pas que le gouvernement prend des vacances en été sur les dispositions anti-migrants. Au contraire, le 14 puis le 16 juillet 2024, à quelques heures de sa "démission", le gouvernement a publié plusieurs décrets d’application de la « loi immigration ». Permettant la mise en œuvre de la loi, ces décrets auront des conséquences concrètes et dévastatrices pour leurs droits, particulièrement dans un moment de l’année où les permanences associatives tournent au ralenti et ne pourront pas jouer leur rôle essentiel d’information. Parmi les mesures maintenant en application, citons notamment la réduction des délais de recours contre les obligations de quitter le territoire (48h en rétention, 7 jours en cas d'assignation de résidence), contre les refus d’accès à un hébergement ou à une allocation pour les demandeurs d’asile ou contre les décisions de transfert dans un autre pays européen (7 jours), l'exécutabilité des OQTF pendant 3 ans, la généralisation de la rétention (notamment pour les demandeurs d'asile)...

Le dernier mois, l'actualité s'est focalisée sur les jeux olympiques, mais les conséquences sociales de cet événement sur les personnes les plus vulnérables, particulièrement les migrants sans-papiers, ont le plus souvent été passées sous silence. Ainsi, selon le collectif « le Revers de la Médaille », un nombre record de 42 démantèlements de campements de migrants en trois mois a été réalisé en région parisienne, représentant 2 472 personnes expulsées. Si, lors des évacuations, la préfecture a généralement proposé aux migrants d’être transférés dans des SAS en province, ce dispositif est totalement inadapté, car la durée d'hébergement dans ces structures est limitée à trois semaines après lesquelles les personnes se retrouvent le plus souvent à nouveau à la rue, mais sans les liens de solidarité et d'entraide qu'elles avaient pu tisser dans la capitale. Le 6 août, environ 250 sans-abris et migrants accompagnés de soutiens ont occupé la place de la Bastille pour dénoncer les expulsions des populations précaires de la capitale en marge des Jeux olympiques, mais ont été dispersées par la police, bien sûr sans solution. En outre, les périmètres de sécurité installés pour les JO restreignant la circulation à Paris ont grandement compliqué l'accès des migrants aux dispositifs de solidarité comme les distributions alimentaires ou les centres de soin de Médecins du Monde.

Et puis, pendant les JO, il ne faisait pas bon être étranger et se mêler d'humanité. Ainsi, un ressortissant australien qui a tenté de s’introduire sur un terrain olympique le dimanche 4 août afin d’interpeller l’opinion publique sur les guerres en Ukraine et à Gaza a vu son visa abrogé et a fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) pour "menace à l'ordre public" et a été placé en centre de rétention. Selon la loi, une personne ne peut être expulsée qu'après l'expiration du délai légal de 48h pour faire un recours contre cette décision. Mais l’administration française a décidé sciemment de violer ce droit au recours effectif, pourtant protégé par plusieurs conventions internationales et par la Cour Européenne des Droits de l’Homme et il a été expulsé dès le lendemain avant que les juristes de la Cimade présents sur place n’aient pu le rencontrer et lui permettre d’exercer ses droits. Cette situation est loin d’être un cas isolé : la France a d’ores et déjà expulsé plusieurs personnes en violation de l’État de droit depuis le début d’année. Alors que les droits accordés aux personnes menacées d’expulsion ont été à nouveau réduits par la loi du 26 janvier 2024, le ministère de l’Intérieur et les préfectures affichent un mépris de plus en plus systématique et assumé pour le respect des maigres garanties dont disposent les personnes étrangères. 

Du côté de l'Union européenne, pas de trêve non plus sur les politiques migratoires répressives. Ainsi, la présidente de la Commission européenne a annoncé le 18 juillet sa volonté de renforcer l'agence Frontex chargée du contrôle des frontières extérieures en triplant le nombre de gardes-frontières et de garde-côtes européens pour atteindre les 30 000. Avec un budget colossal et en perpétuelle augmentation de plus de 845 millions d’euros en 2023 (contre 174 millions pour l'agence de l'Union européenne pour l'asile), il s'agit pourtant déjà de l’agence européenne la mieux dotée. Et cela alors que les rapports se succèdent, dénonçant l'implication de l'agence dans des violations des droits, des mauvais traitements et surtout des refoulements illégaux. Au mois de février, la médiatrice de l'UE avait pourtant tiré la sonnette d'alarme en déclarant : "Cette agence n’est pas réformable, elle est hors de contrôle. Il faut la supprimer pour faire cesser les violations qui sont perpétrées au nom de la protection des frontières et en toute impunité". L'agence n'est bien sûr pas la seule à commettre des exactions sur les migrants. Le 20 juillet, des garde-côtes grecs ont tiré sur une embarcation de migrants, blessant au moins une personne. Et le 12 juillet, le Parlement polonais a autorisé les forces de l’ordre déployées à la frontière biélorusse à tirer à balles réelles "de façon préventive" ou en "situation de légitime défense" sur quiconque tenterait de violer la frontière. 

Dans le même temps, les autorités européennes ne manquent pas d'idées pour réduire encore les quelques droits et protections des personnes migrantes. Ainsi, l'ONG Statewatch a révélé, le 15 juillet, un projet européen, actuellement débattu au sein de la Commission européenne et du Conseil européen, visant à modifier la Directive sur l'aide à l'immigration illégale de 2002 qui risque de criminaliser davantage les migrants et ceux qui leur viennent en aide, y compris les organisations de sauvetage en mer. Le rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits humains a estimé qu’il existe "un risque sérieux" que ce texte soit "utilisé pour criminaliser les défenseurs des droits de l'homme et dissuader les citoyens de partager des informations concernant la migration vers l'UE".

Des décennies de politiques migratoires de plus en plus restrictives montrent que cette approche est complètement inefficace pour dissuader les candidats au départ qui, pour beaucoup, n'ont plus rien à perdre. En revanche, elles causent des morts évitables par milliers. Ainsi, l'augmentation de la surveillance en Méditerranée a conduit à une reprise de la route des Canaries, pourtant l'une des plus dangereuses au monde. En effet, si par malheur, une embarcation dévie trop de sa trajectoire initiale le long des côtes africaines - à cause des forts courants marins - et se retrouve au large, elle n'a aucune chance d'être retrouvées dans l'immensité de l'océan et les passagers sont condamnés à mourir de soif et de faim. Le 6 août, une pirogue avec 14 squelettes a ainsi été retrouvée au large de la République dominicaine, en mer des Caraïbes. Les documents d’identité retrouvés à bord appartiennent à des ressortissants de la Mauritanie et du Sénégal, âgés de 24 à 33 ans qui rejoignent les 5000 personnes décédées sur cette route depuis le début de l'année. Même constat sur le littoral du nord de la France :  malgré une surveillance accrue et une présence policière permanente, soutenue par l’utilisation de drones et de caméras thermiques, plus de 14 000 personnes ont tout de même atteint le Royaume-Uni en 2024, soit une hausse de 18% par rapport à la même période l'an dernier. Hausse également du nombre des morts : 9 personnes depuis la mi-juillet, soit 23 depuis le début de l'année contre 12 en 2023. En effet, pour échapper au harcèlement policier, les personnes tentent la traversée de plus en plus loin des côtes anglaises (multipliant par trois le temps passé en mer et les donc les risques de panne moteur ou de crevaison), sur des embarcations de plus en plus chargées (une jeune femme est d'ailleurs morte récemment écrasée sous les autres passagers) et dans des conditions météo de moins en moins favorables.

Quant aux discours anxiogènes sur les migrants dont nous abreuvent nombre de médias et de politiques, on voit leurs conséquences avec les émeutes au Royaume-Uni qui ont ciblé des lieux hébergeant des réfugiés et des mosquées. Comment s'étonner de tels événements quand des responsables jusqu'au sommet des États, au Royaume-Uni comme dans toute l'Europe et aux États-Unis répètent en boucle des propos tenant l'immigration comme mère de tous les maux ? 

Au cercle de silence, nous cherchons au contraire à exprimer l'humanité commune qui nous lie aux personnes migrantes et notre certitude qu'il est possible de construire une société plus juste, plus humaine, plus ouverte et plus accueillante. Le prochain cercle aura lieu le 20 septembre à 18h30 place du Palais Royal. Nous vous y espérons nombreux !

Le prochain cercle de silence se tiendra ce vendredi 17 mai à 18h30, place du Palais Royal (le suivant se tiendra le 21 juin). Votre présence est précieuse, même pour quelques minutes !

Dans quelques semaines se tiendront les élections européennes. Si la participation est malheureusement généralement faible, leur résultat aura un impact important sur nos vies et sur celles des personnes migrantes. En effet, le Parlement européen a un rôle fondamental dans le fonctionnement de l'UE : il contrôle l'exécution du budget européen, peut constituer des commissions d'enquêtes, est codécisionaire avec le Conseil de l'adoption des réglementations européennes, peut demander à la Commission de lui soumettre des propositions législatives, peut rejeter ou amender la partie dépenses du budget de l'Union européenne... Un autre enjeu important des élections européennes est le renouvellement de la Commission européenne qui gère les politiques de l'UE et met en œuvre le budget. Or il est d'usage que son président soit issu du groupe politique arrivé en tête aux élections européennes...

Les politiques d'asile et d'immigration sont largement décidées au niveau européen et visent actuellement à empêcher par tous les moyens les migrants d'atteindre le territoire européen.

...continuer la lecture de "Actualités de mai 2024"

Le prochain cercle de silence se tiendra ce vendredi 19 avril à 18h30, place du Palais Royal (le suivant se tiendra le 17 mai). Votre présence est précieuse, même pour quelques minutes !

Dans moins de deux mois, nous voterons pour les élire les députés européens. L'enjeu est double pendant cette période : lutter contre la désinformation concernant les personnes migrantes utilisée à des fins électoralistes par de nombreux partis et faire entrer au Parlement européen un maximum de représentant portant une vision humaniste sur les politiques migratoires.

Rappelons en effet l'impact des décisions des instances européennes sur la vie des personnes migrantes. La semaine dernière, le Parlement européen a adopté le Pacte sur la migration et l'asile. Ce texte, décrié par plus de 160 organisations, légalise et encourage des pratiques honteuses, contraires aux droits humains fondamentaux :

  • Instauration d'une procédure de filtrage discriminatoire des demandeurs d'asile selon leur nationalité (ce qui est contraire au droit international), les privant d'un examen individuel et approfondi de leur situation,
  • Généralisation des camps de détention et d'expulsion aux frontières, véritables zones d'exception où l'accès au juge est rendu quasi impossible, et dans lesquelles seront également enfermés des familles et des enfants,
  • Déploiement de technologies de surveillance de masse aux frontières et collecte de données biométriques sur les personnes migrantes à partir de 6 ans,
  • Possibilité pour les États de refuser d'accueillir des demandeurs d'asile et de financer à la place des moyens de fortification et de surveillance des frontières dans l'UE et dans des pays tiers.

En plus de cette réforme, l'UE multiplie les accords avec les pays non-européens comme la Tunisie, la Mauritanie ou la Libye pour tenter d'empêcher les départs vers l'Europe. Et tant pis si on finance par là-même des organisations et des régimes criminels qui commettent les pires exactions contre les migrants (torture dans les geôles libyennes, manœuvres dangereuses des garde-côtes libyens conduisant à des noyades, déportation et abandon des migrants dans le désert par la Tunisie...). Dernier accord en date, celui passé avec le dirigeant de l’Egypte Abdel Fattah Al-Sissi le 17 mars 2024 avec à la clé une enveloppe de 200 millions d'euros, notamment pour surveiller la frontière sud qui borde la bande de Gaza et le Soudan. L'UE paie donc le régime pour éviter le départ, dans le futur, de Palestiniens cherchant à échapper au génocide ou de Soudanais qui fuient la guerre qui a déplacé 8,4 millions de personnes en un an...

Et inutile probablement de préciser que rien n'est prévu dans le texte pour l'accueil digne des personnes migrantes ou le sauvetage en mer. Rappelons que chaque jour, des dizaines de personnes meurent en Méditerranée ou dans l'Atlantique, et nous ne saurons jamais combien ont disparu sans laisser de traces. Le 13 mars, l'équipage de l'Ocean Viking a porté secours à un bateau à la dérive depuis une semaine, sans eau ni nourriture. À l'arrivée des sauveteurs, une soixantaine de personnes (dont un bébé) étaient déjà mortes, et, sur les 25 secourues, une autre est décédée quelques heures plus tard. Peut-on imaginer ce que vivent ces personnes rescapées qui ont vu mourir à petit feu des membres de leur famille et des amis ? 

Non seulement les gouvernements européens faillissent à leur devoir de sauvetage en mer, mais les gardes-frontières adoptent de plus en plus des pratiques agressives qui mettent en danger les passagers des embarcations. Et c'est notamment le cas de la police et de la gendarmerie françaises qui tentent d'empêcher les migrants de rejoindre le Royaume-Uni. Des enquêteurs du Monde ont ainsi montré les manœuvres dangereuses autour de bateaux à l'eau, allant jusqu'à crever des zodiacs se trouvant à plusieurs dizaines de mètres des côtes et dans lesquels se trouvent des enfants.

Les migrations sont des questions complexes pour lesquelles il n'y a pas de réponses toutes faites. Mais peut-être pourrait-on se poser la question de savoir dans quelle société nous voulons vivre. Une société dans laquelle la police pousse à l'eau des personnes épuisées et détruit les tentes de celles qui dorment dehors ? Une France dans laquelle plus d'un millier de mineurs non accompagnés vivent à la rue et où 60% des demandeurs d'asile ne bénéficient d'aucun hébergement contrairement à ce que prévoir la loi ? Qui s'enorgueillit d'accueillir les Jeux Olympiques mais qui chasse les plus démunis de la capitale, laissant des centaines de jeunes sans solution ? Une Europe qui enferme chaque année plus de 100 000 personnes pour le seul motif qu'elles sont étrangères ? Qui se barricade derrière 2000 km de murs gardés par 100 000 gardes-frontières ? 

Dans cette période électorale où de nombreux politiciens vont jouer sur la peur de l'autre pour gagner des voix, ces questions méritent d'être posées. Et de se demander de quoi exactement on devrait avoir peur. En 2022, le nombre de personnes qui ont migré vers l'Europe ne représentait que 0,1% de la population européenne. Ne serait-il pas possible de les accueillir dignement ?

Si vous aussi pleurez les vies détruites par les politiques migratoires inhumaines et refusez d'accepter une société du repli sur soi et de la peur de l'étranger, nous vous invitons à venir nombreux vendredi pour manifester, par notre silence, notre solidarité envers les personnes migrantes.

Pour information, un cercle de silence (organisé par un autre collectif) se tient également tous les samedis de 12h à 13h devant Beaubourg (angle des rues St Martin et Aubry le Boucher) pour appeler à un cessez-le-feu à Gaza.

Le prochain cercle de silence se tiendra ce vendredi 15 mars à 18h30, place du Palais Royal (le suivant se tiendra le 19 avril). Votre présence est précieuse, même pour quelques minutes !

Ce vendredi, cela fera 16 ans que le cercle de silence se tient chaque mois devant le Conseil d’État. Lieu symbolique et qui joue un rôle important dans le contrôle des politiques migratoires, comme le montre sa décision du mois de février de modifier le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile en France, limitant les « refus d’entrée » aux frontières intérieures de la France. À la frontière italienne, le nombre de personnes renvoyées vers l'Italie a ainsi été divisé par quatre en un mois. Enfin une bonne nouvelle !

Le cercle de silence a été créé il y a donc 16 ans pour protester contre les politiques migratoires inhumaines de l'ère sarkozyste. En 2024, force est de constater que la situation n'a fait qu'empirer.

Le mot d'ordre des gouvernements européens est toujours "expulser, expulser, expulser" quoi qu'il en coûte et au mépris de la légalité. Le 26 février, un charter a été affrété pour expulser 58 personnes (dont de jeunes enfants) de Rennes vers la Géorgie. 80 policiers ont participé à l'opération. Notons que ces expulsions groupées sont contraires à la Convention Européenne des Droits de l'Homme. Pour s'enfoncer toujours plus dans la honte, une obligation de quitter le territoire français (OQTF) a été délivrée à une famille gazaouie en France 2018. Où est-elle censée retourner ?

En 2024, les frontières tuent toujours plus. On déplore déjà au moins neuf morts noyés en tentant de rejoindre l'Angleterre, dont une petite fille de 7 ans, décédée le 3 mars. Les patrouilles des forces de l'ordre le long des plages poussent en effet les personnes migrantes à emprunter des routes de plus en plus dangereuses. Les bateaux sont maintenant mis à l'eau dans les fleuves où leur proximité avec les porte-conteneurs augmente leurs risques de chavirer. Les naufrages se multiplient aussi en Méditerranée, notamment à cause des décrets italiens visant à vider la zone des navires des ONGs et au refus des États européens de respecter leur devoir de sauvetage. Ainsi, le 6 mars, un adolescent a fait un arrêt cardiaque peu après son secours par le Sea-Watch 5 suite à son exposition pendant une dizaine d'heures aux vapeurs d’essence de son canot. L’équipe médicale à bord a réussi à le réanimer avant d'appeler les pays alentour pour demander son évacuation médicale urgente. Mais ni l'Italie, ni Malte, ni la Tunisie n'ont lancé d'évacuation et le garçon est décédé deux heures plus tard.

Non seulement les pays européens refusent de venir en aide aux personnes en détresse, mais ils arment les garde-côtes libyens pour qu'ils empêchent les migrants de parvenir en Europe. Lancé en 2020 et prolongé en mars 2023 jusqu'en 2025 par le Conseil européen, l'accord avec la Libye prévoit la formation des garde-côtes et la livraison de navires pour un montant de plus de 16 millions d'euros. Ces mêmes garde-côtes qui tirent à balles réelles lors des opérations des ONGs de sauvetage. Dernier report en date, le 2 mars, où ils ont ouvert le feu alors qu’une équipe de SOS Humanity procédait au sauvetage de migrants en détresse. De nombreuses personnes se sont alors jetées à l'eau, l'une d'elle est morte noyée. Si l’équipage du Humanity 1 est parvenu à secourir 77 personnes, de nombreuses autres ont été forcées de monter à bord du bateau des garde-côtes libyens, séparant au moins six membres d’une même famille. En 2023, environ 17 200 migrants ont été interceptés et renvoyés en Libye où ils sont soumis, de notoriété publique, à la torture et au travail forcé.

Enfin, les refoulements illégaux aux frontières sont légion sous les yeux, voire avec la complicité, de l'agence européenne Frontex. À la frontière entre la Bulgarie et la Turquie, des demandeurs d’asile sont obligés de retourner en Turquie à la nage, déshabillés de force, ou sévèrement mordus par les chiens des gardes bulgares. De nombreux rapports ont montré que les garde-côtes grecs repoussent les bateaux des migrants vers les eaux territoriales turques, souvent après leur avoir pris leurs effets personnels (argent et téléphones). En avril 2023, des garde-côtes grecs ont ainsi été filmés en train de placer sur un canot à la dérive un groupe de migrants, en majorité des enfants, dont un nourrisson. Pourtant, l'UE prévoit de multiplier par quatre les effectifs de Frontex d'ici à 2027, avec le déploiement de 10 000 gardes-frontières, et l'agence envisage de doter ses membres d’armes "létales et non létales".

Aucune amélioration non plus sur le front de l'accueil, notamment des enfants. À Paris, des centaines de mineurs isolés vivent à la rue. La préfecture multiplie les évacuations de campements, probablement dans le but de "nettoyer" la capitale avant les Jeux Olympiques... La semaine dernière, mercredi 6 mars, elle a évacué, sans relogement, un campement de 400 mineurs isolés entre le pont de Sully et le pont Neuf. Il s'agit de la quatrième opération de ce type. Une centaine de jeunes ont été autorisés à dormir devant un bâtiment au-dessus du pont Marie, mais la police leur a interdit d'installer des tentes. Il faisait 2°C. Pour résumer : en 2024, on trouve normal de faire dormir des enfants par terre dans la rue en plein hiver...

Alors bien sûr, après 16 ans, on pourrait se demander si cela vaut le coup de continuer, vu le manque criant de résultats. Et pourtant, malgré les doutes, notre motivation est intacte. On n'éteint pas une bougie dans la nuit sous prétexte qu'elle n'éclaire pas suffisamment. Chaque mois, nous espérons faire prendre conscience aux quelques personnes que nous croisons, qui lisent nos tartines interpellées par notre silence, du simple fait que les "migrants" ce sont d'abord des humains, comme nous, avec des rêves et des histoires, que chaque mort est une tragédie évitable, et que l'accueil nous enrichit davantage que le repli sur soi. Et cela vaut bien une heure de notre temps.

Nous espérons vous voir nombreux vendredi pour manifester, par notre silence, notre indignation face aux politiques migratoires inhumaines et notre solidarité envers les personnes migrantes.