Quelques jours avant la mise en oeuvre de l'accord contreversé UE-Turquie, Amnesty International publiait un rapport (en anglais) dénonçant les violations du droit international commises en Turquie. Des chercheurs de l'organisation ont ainsi récolté de nombreux témoignages mettant en évidence des expulsions forcées de Syriens. Ils estiment que, depuis la fin janvier, la Turquie aurait renvoyé de force quotidiennement une centaine de réfugiés. Les témoins affirment que, parmi eux, se trouvaient des femmes enceintes (dont une de neuf mois) et des enfants, certains ayant été séparés de leurs parents. Ces expulsions frappent les réfugiés non enregistrés mais également des personnes qui ne portaient pas leur récepissé sur elles au moment de leur interpellation.
Une situation sanitaire déplorable
Le rapport dénonce également la situation sanitaire désastreuse des camps de réfugiés à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Dans certains, plus de 50000 personnes s'entassent sans eau potable ni système d'assainissement. Les conditions de sécurité sont aussi des plus précaires, des cas de prise d'otages contre rançon ayant été signalés.
La Turquie, un pays sûr ?
Cette enquête vient confirmer le fait que la Turquie est loin d'être un pays sûr pour les réfugiés. En effet, elle viole déjà le droit international qui interdit la déportation d'individus vers des zones de guerre. On peut également douter que les trois milliards d'euros censés aider le pays à prendre soin des réfugiés atteindront bien leurs destinataires... On voit mal aussi comment l'accord servira la volonté affichée des gouvernements de lutter contre les passeurs. En effet, comme l'indique ce rapport, la frontière entre la Turquie et la Syrie est de plus en plus hermétiquement fermée. Et c'est justement cela qui contraint les réfugiés à recourir à ces trafiquants qui demandent la modique somme de mille dollars par personne pour rejoindre la Turquie...