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Actualités de mai 2025

Le prochain cercle de silence se tiendra ce vendredi 16 mai à 18h30, place du Palais royal (le suivant se tiendra le 20 juin). Votre présence en soutien est précieuse, même pour quelques minutes ! 

Ce mois-ci, alors que les politiques de repli sur soi deviennent la norme en France, en Europe et dans le reste du monde, nous souhaitons vous partager ce poème écrit 1975 par le maître zen Thich Nhat Hanh au début de la crise des boat-people :

UNE PRIÈRE POUR LA TERRE

Perdus dans les tempêtes

des vastes océans,

nos petits bateaux dérivent.

Nous cherchons la terre

depuis des jours et des nuits sans fin.

Nous sommes de l'écume

flottant sur l'immense Océan.

Nous sommes de la poussière,

errant dans l'espace infini.

Nos cris se perdent

dans le vent hurlant.

Sans nourriture ni eau

nos enfants reposent épuisés

jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus pleurer.

Nous aspirons à une terre

mais nous sommes rejetés de chaque côte.

Nos appels de détresse se multiplient,

mais les vaisseaux qui passent ne s'arrêtent pas.

Combien de navires ont-ils sombré ?

Combien de familles reposent sous les vagues ?

Seigneur Jésus, entendez-vous notre prière de sang ?

Seigneur Bouddha, entendez-vous nos appels de détresse ?

Ô frères humains, percevez-vous nos cris montant de l'abîme de la mort ?

Ô terre ferme

nous nous languissons de toi !

Nous prions pour que l'humanité existe encore aujourd'hui.

Nous prions pour que la terre nous tende les bras.

Nous prions pour que l'espoir nous vienne aujourd'hui de cette même terre.

Cinquante ans plus tard, on pourrait croire que ce poème a été écrit hier. À l'époque, la Thaïlande, la Malaisie, l'Australie, l'Indonésie ou encore Hong-Kong repoussaient au large les pauvres malheureux qui fuyaient la dictature vietnamienne, où les attendait une mort certaine, quand ce n'étaient pas les exactions cruelles des pirates. En 15 ans, plusieurs centaines de milliers de personnes ont ainsi disparu en mer de Chine. Cinquante ans plus tard, des milliers de personnes se noient chaque année à notre porte, en Méditerranée, dans l'Atlantique ou dans la Manche. Cinquante ans plus tard, avec les fonds européens, les polices libyennes, tunisiennes et algériennes refoulent les migrants dans le désert sans eau ni nourriture. Cinquante ans plus tard, les migrants qui tentent de rejoindre l'Europe, obligés de se cacher des garde-frontières et de la police, sont des proies faciles pour les trafiquants d'êtres humains et des cibles de plus en plus fréquentes de réseaux de kidnapping qui les torturent pour obtenir une rançon. Notre situation économique est pourtant sans commune mesure avec celle de la Thaïlande ou de la Malaisie de 1975. Quel dommage que la compassion et la solidarité n'aient pas progressé au même rythme que notre technologie... 

À nous alors de faire en sorte que "l'humanité existe encore aujourd'hui" ! En apportant notre aide aux personnes migrantes qui vivent près de chez nous. En interpelant nos parlementaires, qui sont notamment en train d'examiner un texte visant à remplacer la présence des associations dans les centres de rétention par un organisme sous contrôle du ministère de l'Intérieur. En faisant pression sur nos élus pour qu'ils mettent en place des conditions d'accueil dignes pour les personnes exilées. En soutenant les ONG de sauvetage en mer. En honorant notre humanité partagée avec nos frères et sœurs migrants par notre participation au cercle de silence. Nous vous y espérons nombreux !